Il n’y a pas encore beaucoup d’années, on voyait entre Le Lude, La Flèche et Savigné, d’immenses landes couvertes de bruyères. « Dans ce pays-là, écrivait en 1760 le marquis de Turbilly, aucun fermier ou paysan ne mange de viande ni ne boit de vin à son ordinaire ; ils se nourrissent avec de la soupe au beurre, des légumes, des fruits, du laitage et du pain souvent très mauvais où ils mettent parfois du blé noir, qui vaut quelquefois encore mieux que les autres grains avec lesquels ils le mêlent… ». Tout un petit peuple de boîtiers, de charbonniers, de journaliers s’employaient dans les bois et dans les taillis, à fagoter, lier des bourrées pour le chauffage des maisons et des fours des chaussumiers. S’y rencontraient aussi des jeunes pâtres conduisant de petits troupeaux de porcs et quelques bestiaux étiques. Des loups, l’hiver, apparaissaient parfois près des villages.
Des travaux de défrichements et d’assainissement, l’apport d’amendements, des plantations considérables de pins maritimes ont profondément changé l’aspect du pays à partir du XIX° siècle. Les landes couvertes de pinèdes avec les anciens massifs du Mélinais (compris les bois de la Boirie), de Mozé au sud-est et de Douvrau (proche de la commanderie de Thorée) forment aujourd’hui la « forêt du Pugle ».